Avec son titre “On Me Dit” sur la sélection 2013 des Chroniques Lycéennes, Guillaume Barraband est allé à la rencontre des élèves, au travers d’ateliers et de concerts directement dans les lycées.
Voici la deuxième partie de l’interview de Guillaume qui revient sur cette expérience…
Retrouvez la première partie de l’interview sur ce billet de blog.
Ce contact avec les élèves, ça a fait ressortir le lycéen qui sommeille en toi ? Tu as des anecdotes sur ces ateliers ?
Oui, j’en ai pas mal. Certains m’ont surpris lorsque je leur demandais quelle musique ils écoutaient aujourd’hui (je m’attendais à Lady Gaga, Beyoncé, ou je ne sais quel artiste radiophonique que je ne connais pas). Une fois un jeune a commencé à entonner “les lacs du Connémara”, de Sardou, et je suis tombé sur le cul ! Je lui ai fait remarquer que c’était plutôt un musique de mon enfance à moi et lui ai demandé s’il n’avais pas quelque chose de plus… jeune ?! Là il a commencer à fredonner un “je marche seul” de Goldman qui a fini de m’achever !!
Sinon, j’ai aussi eu de belles surprises avec des élèves d’Annecy qui avaient carrément concocté une reprise de ma chanson en cours de musique avec leur prof. D’autres, en Ariège avaient eu mon texte comme sujet de Bac blanc.
Certains connaissaient parfaitement Bobby Lapointe, François Béranger, ou même encore Nino Ferrer. J’étais assez impressionné et heureux de me rendre compte de ça.
J’ai aussi eu des retours de profs de français qui m’ont fait plaisir. Apparemment après mon passage dans un lycée à Lyon, les élèves étaient impatients de se lancer dans l’étude de Rimbaud, ce qui n’est visiblement pas habituel pour ce prof. Il faut dire que j’avais bien mis en perspective son texte “ma bohème” avec mon propre vécu d’adolescent. Idem, son texte “première soirée” ou “on n’est pas sérieux quand on a 17 ans” qui m’ont permis de faire pas mal de parallèles avec mes amours d’alors et le lot d’anecdotes amusantes ou ridicules dont je n’ai pas été avares et qui a apparemment fait écho à leur vécu du moment.
Enfin, j’ai eu un plaisir immense à retrouver certains élèves très participatifs lors de mes concerts (à Bordeaux et à Genève), quelles belles surprises!
Tu as aussi fait un atelier auprès de lycéens (majeurs et mineurs) détenus en maison d’arrêt. Tu peux nous expliquer comment ça s’est passé ?
Très simplement. Le kiff ça été de se rendre compte une fois sorti que j’avais fini par oublier de longs instants que j’étais dans une prison. Et visiblement c’est un sentiment qui a été réciproque pour certains détenus. Là, tu dis que tu touches vraiment au plus simple et au plus juste de la relation humaine quand ça t’arrive.
J’ai beaucoup apprécié le contact avec les mineurs qui m’ont impressionnés dans leur écriture, leur analyse et m’ont comblés dans leurs retours francs et sans ambages. Y’avait pas mal d’émotions. Avec les adultes on a beaucoup ri, on a beaucoup échangé, avec des mots surtout.
J’ai aussi trouvé incroyable la force de caractère et la diplomatie, la douceur même et les compétences multiples des profs et encadrants (je ne parle pas des gardiens, hein !). Bref, ce sont des rencontres dont on ne ressort pas comme on est rentré. J’avais déjà fait ce genre d’intervention (et même un concert) à la prison de Muret à deux reprises, mais ce n’est jamais la même chose, tellement les histoires, les regards sont intenses et différents.
Au-delà des ateliers, c’est aussi l’occasion de jouer tes concerts dans les lycées… auprès d’un public réputé difficile à conquérir…
Je ne sais pas si c’est un public difficile. En tout cas pour les quatre fois où j’ai eu à jouer devant ce public-là cette année, je n’ai pas à me plaindre, c’était plutôt le feu niveau ambiance !

D’ailleurs à Mirepoix, l’alarme incendie s’est déclenchée sans que l’on s’en rende compte tout de suite (on pensait que c’était un larsen du guitariste qui testait un nouveau micro de guitare ce jour-là, et pas encore très au point…!) Puis quand on a compris ce que c’était on a commencé à improviser un morceau tzigano-festif autour des trois notes de l’alarme et les élèves ont dansé et frappé des mains. Grosse ambiance.
Finalement, 5 minutes après, le proviseur est entré dans la salle en nous demandant ce qu’on faisait encore là. Tout le lycée avait été évacué et nous étions les seuls présents. Il nous a ainsi appris que l’alarme s’était déclenché suite à une température anormalement élevée dans la salle de concert où nous étions…!! Chaud le public lycéen je te dis !
Ce dispositif permet en plus de rencontrer des professeurs déjà sensibles à la chanson française. Est-ce que ces liens perdurent ?
Oui en effet, j’ai tissé de beaux liens dans l’est avec des profs de français, de musique et de français langue étrangère que j’ai revu depuis et que je reverrai encore prochainement. L’un d’entre eux est même à l’origine de mon engagement dans certains lieux de concerts de Genève ! D’autres correspondent toujours avec moi par mail. C’est vraiment enrichissant comme rencontres.
Certains m’ont permis aussi de me lâcher encore plus dans mes interventions et de les penser vraiment comme une sorte de “spectacle” en me faisant des retours très constructifs. La plupart sont en train d’envisager de me faire revenir l’an prochain pour d’autres interventions.
Et le lien premier autour de tout cela ce furent les chroniques des lycéen-ne-s sur « On Me Dit ». Mais du coup, toi qui aimes les belles écritures, qu’as-tu pensé de celles que tu as lues ?

Écoute, je ne sais pas si on m’a épargné exprès les mauvaises, mais toutes celles qui m’ont été remises par les profs ou les élèves eux-mêmes, m’ont paru d’une grande qualité. Soit dans leur expression, dans leur tournure. Soit dans leur originalité de ton. Soit dans leur langage journalistique que j’ai souvent trouvé meilleur que certains chroniqueurs de métier.
D’ailleurs un élève de Roissy-en-Brie, qui m’a montré une chronique dans laquelle j’ai totalement reconnu mon propos et même l’idée cachée derrière, vient de se lancer un défi. Monter sur scène avec moi l’an prochain lors d’un concert dans son lycée ou proche de sa ville pour venir chanter lui tout seul le titre “on me dit” pendant que nous l’accompagneront avec mes musiciens.
Ce qui est sûr c’est que 2 chroniques seulement, publiées dans les inrocks, c’est trop peu pour rendre compte de la diversité des points de vues et des talents qui s’expriment à travers ce dispositif des Chroniques Lycéennes. C’est pourquoi j’ai décidé de proposer aux élèves qui le souhaitent un espace de publication de leur chronique sur mon blog.
Très bientôt sur ce blog, vous retrouverez les chroniques que des lycéen-ne-s ont confié à Guillaume… Si vous voulez que votre chronique d’On Me Dit paraisse sur ce blog, merci de nous contacter via le formulaire sur cette page.